L'indépendance

Publié le par Foreverlovingbob

 L’indépendance :Tuff Gong




    Peu après la naissance de son fils David "Ziggy" Marley en octobre 68 (avec « Tumblin' Down » en 1986, Ziggy réalisera avec ses frères et sœurs le rêve inachevé de son père : obtenir un gros succès aux États-Unis), en 1969 Bob repart chez sa mère en Amérique. Après avoir dû couper ses nattes de rasta pour se présenter à un poste de docker qu’il n’obtient pas, il travaille cette fois de nuit, à l'usine Chrysler de Wilmington, où il porte des pièces. À son retour, avec ses économies les Wailers fondent les disques Tuff Gong. Ils enregistrent pour la première fois avec Aston "Family Man" Barrett et son frère Carlton lors d’une séance qui donne le « Black Progress » adapté de James Brown et le « Hold on to this Feeling » de Junior Walker (duo Bob & Rita). Les frères Barrett vont suivre Bob Marley à partir de là. En face B de « Black Progress » on peut entendre « Black Progress (version) » et « Hold on to this Feeling (version)» qui sont les premiers dubs de Bob Marley à être publiés (album « Selassie Is the Chapel », JAD 1997). Il sont mixés par Errol « E.T. Thompson » qui si l’on excepte la période Lee « Scratch » Perry, mixera la plupart des dubs originaux de Bob Marley & the Wailers sortis en Jamaïque.
 

Mais en 1970, les Wailers enregistrent l'album Best of the Wailers pour Leslie Kong, chez Beverley's. Pour ces séances Beverley’s, Jackie Jackson est toujours là, Hugh Malcolm a été remplacé par Michael "Mikey Boo" Richards à la batterie, et Gladstone Anderson est au piano en plus de l'orgue de Winston Wright. L’album contient les excellents « Soul Shake Down Party », « Stop The Train », « Back Out » et « Cheer Up » et ne sera publié qu'à l'été 71 après quelques singles. Faute de plaignants (Kong décèdera le 9 août 1971), des centaines de pirates différents (au son médiocre) de ces enregistrements Beverley's seront publiés sur la planète entière jusqu'à la réédition augmentée d'inédits produits par les Wailers (dont le « Sugar Sugar » des Archies et la reprise du « Gotta Hold on to This Feeling » de Junior Walker & the All Stars — un succès américain chez Motown) dans la série des « The Complete Bob Marley & theWailers 1967 to 1972 » en 1997. Ces deux titres méconnus sont publiés à l'origine par les disques Tuff Gong, fondés par Peter, Bob & Bunny début 1970. Ce "Gong Dur" est le surnom de Bob. Il fait référence au surnom du fondateur du mouvement Rastafari, Leonard Howell, surnommé Ganguru Maragh (mais appelé "Gong", plus court) dans sa communauté philosophique, où vivaient beaucoup d'indiens dans les années mille neuf cent trente, quarante et cinquante.


La Rencontre

    De plus en plus désespéré, après des auditions infructueuses début 1970 Bob contacte le producteur réalisateur Lee "Scratch" Perry, un ancien de chez Studio One avec qui les Wailers ont déjà enregistré. Lee Perry a du succès à l'étranger avec sa marque Upsetter, distribuée par la marque de disques anglaise Trojan appartenant au jamaïcain Chris Blackwell, également propriétaire du label Island. Les trois Wailers travaillent alors avec Perry tout au long de 1970 et 1971 et gravent des chefs-d'œuvre impérissables parfois co-signés Perry.

Les Wailers sont à nouveau accompagnés par la rythmique extraordinaire des Upsetters, les jeunes frères Aston "Family Man" Barrett et Carlton "Carly" Barrett. On entend aussi d'autres membres des Upsetters comme Alva "Reggie" Lewis, Ranford "Rannie Bop" Williams aux guitares, Glen Adams (orgue) et Gladstone Anderson (piano). Headley "Deadly Headley" Bennett, Tommy McCook sont aux cuivres et Uziah "Sticky" Thompson aux percussions. Ensemble ils créent les arrangements de compositions somptueuses comme « Kaya » , « Sun Is Shining », « Soul Rebel », « Love Light », « Duppy Conqueror », le pot-pourri « All In One » (Part I & II) dont tous les instruments sont joués par Family Man (sauf la batterie), « Man to Man », « Small Axe », « Put It On » et bien d'autres.
Des reprises, comme le « Keep on Moving » de Curtis Mayfield, « Dreamland » des El Tempos, « African Herbman » de Richie Havens sont également arrangées en reggae par les frères Barrett, Scratch et les Wailers. Lee Perry publie nombre de singles en Jamaïque, incluant les versions dub de tous ces titres mixées par ses soins. Quelques dubs, comme « Keep on Moving », sont mixés par King Tubby pour l’album des Upsetters « Blackboard Jungle Dub ».
Deux albums 33 tours, « Soul Rebels » et « African Herbsman » sortiront en Angleterre chez Trojan en 1973-74, mais Peter, Bob et Bunny ne touchent presque rien. Ils sont dépités. Peu après, Patricia Williams met au monde un nouveau fils de Bob, Robert Junior, dont la mère n'est pas Rita.

L’intégrale des enregistrements de cette époque avec Scratch Perry (dubs compris) sera finalement restaurée et rendue disponible pour les CDs « Soul Rebels », « Soul Revolution Part II », « More Axe », « Keep on Skanking » et « Soul Adventurer », sans oublier le coffret long format « Rebel » qui complètera la série, publiés par JAD/55 dans la série « The Complete Bob Marley & the Wailers 1967 to 1972 ».

Avec la même équipe en 1971, les Wailers sortent alors eux-mêmes « Trench Town Rock » (où Bunny Livingston est à la basse) en Jamaïque chez Tuff Gong, leur premier gros succès depuis 1966. Il est suivi par d'autres morceaux auto produits remarqués, où les guitares sont souvent jouées par Bob et Peter eux-mêmes, comme « Guava Jelly », « Lively Up Yourself », « Screw Face », « Satisfy my Soul Babe », « Satisfy my Soul Jah Jah », « Lick Samba », « Craven Choke Puppy » (série The Complete Bob Wailers 1967 to 1972 chez JAD et coffret Songs of Freedom, Tuff Gong/Island). Des versions DJ de « Sun Is Shining » et « Don’t Rock my Boat » par Johnny Lover et de « Trench Town Rock » par U Roy (« Groovin’ Kingston 12 ») sont publiées par JAD en 2002 sur l’album « Soul Adventurer ».




        Bob part en Suède vers mai 1971. Il est salarié par Danny Sims pour composer des chansons avec Johnny Nash et son clavier texan, John "Rabbit" Bundrick, mais il ne sera jamais payé. Il y écrit de grands classiques, les enregistre à la guitare sèche et participe avec eux à la bande d'un film où joue Nash, « Love Is Not A Game », des instrumentaux aux arrangements à cordes de Fred Jordan. Le film ne reste à l'affiche que quelques jours et en janvier 1972 Bob part pour Londres rejoindre Johnny Nash qui enregistre pour Columbia son album à succès « I Can See Clearly Now » où figurent quatre des compositions de Bob. Bob signe lui aussi un contrat avec Columbia et enregistre avec des musiciens noirs basés à Londres (sauf John « Rabbit » Bundrick, le seul blanc, futur Who et Traffic) dont Anthony "Rebop" Kwaku Baah, futur Traffic, les cuivres des Sons of the Jungle, Peter Dupri à la basse, Winston Delandro à la guitare, Martin Ford au synthétiseur, et le batteur Richard Bailey. Marley enregistre avec eux le 45 tours « Reggae on Broadway » et cinq autres titres (publiés en partie sur l'album CBS posthume Chances Are en 1981) qui ne sortiront en mix d'origine qu'en 1998 sur « Satisfy My Soul Jah Jah » dans la série The Complete Bob Marley & the Wailers 1967 to 1972. L’ancien manager de Johnny Nash, Danny Sims, fera par la suite retravailler et ajouter des musiques peu inspirées, au goût du jour, autour des voix de Bob. Dans les années 80 sortiront ainsi trois albums successifs, très critiqués mais peu remarqués. Puis dans la même veine il publiera « Soul Almighty » (JAD 1996) et « Black Progress » (JAD 1998). Le 20 avril 1972, Rita met au monde Stephen, son deuxième fils et dernier enfant de Bob, qui deviendra lui aussi chanteur, comme les trois précédents sous le nom de Ziggy Marley & the Melody Makers. Le 19 mai 1972, la maîtresse de Bob, Janet, met au monde Rohan, futur champion de football américain. Rohan est adopté par Cedella, la mère de Bob. Janet lui donnera aussi bientôt une fille, Karen. Bob quitte l'Europe au printemps 1972 et part chercher son groupe à Kingston pour une tournée anglaise en soutien promotionnel au 45 tours « Reggae on Broadway » qui va sortir. Avec les frères Barrett, Peter et Bunny, il commence à répéter à Londres mais le disque ne se vend pas et après quelques concerts dont un en première partie de Johnny Nash ils rentrent aux Caraïbes au bout d'un séjour de quatre mois. Bob Marley continue à enregistrer avec Lee "Scratch" Perry. On retrouve certains de ces nouveaux titres sur "Soul Adventurer" (JAD 2002).




Publié dans La Biographie

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